ALEXANDRE PERRIER (1862-1936)
Le Grammont (2172m)
Suisse (Valais)
In "Grammont neigeux". Huile sur textile, Musée d'Art et d'Histoire de Genève
La montagne
Le Grammont est une montagne située dans le Chablais valaisan, dans le canton du Valais en Suisse qui culmine à 2 172 mètres d'altitude. Dominant Saint-Gingolph et l'extrémité orientale du lac Léman, le Grammont fait partie du massif du Chablais.En 1306, le nom du sommet est attesté comme étant « Grandis mons ». Cela signifie que le Grammont aurait été, à cette période, particulièrement grand par rapport au reste du massif.Le Grammont est soupçonné d'être le Tauredunum, une montagne ayant causé un tsunami sur le Léman en s'écroulant en 563. En 1906, une demande de concession pour la construction d'un chemin de fer à crémaillère de Saint-Gingolph au Grammont est déposée auprès des autorités fédérales. Des stations sont prévues sur les pentes de Vignoles (arrêt facultatif), à Fritaz ainsi qu'à 2 080 mètres, au Grammont. La ligne de 7 140 mètres de long avec un écartement des rails de 80 cm aurait eu une pente de 32 %, avec une crémaillère selon le système Locher comme moyen de traction. Une extension vers les Cornettes de Bise voisines est également envisagée. Le délai de présentation de la planification technique et financière est prolongé pour la dernière fois en 1913, et l'installation n'est finalement jamais construite. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le 13 juillet 1943, un avion de la Royal Air Force britannique s'écrase sur le versant nord-est du Grammont, au-dessus du Bouveret, à une altitude de 900 mètres. Sept personnes perdent la vie. L'armée suisse annonce quelques jours plus tard que sa défense aérienne a abattu l'avion. Les morts sont enterrés au cimetière anglais de Vevey.
Le peintre
Orphelin de père à l'âge de 6 ans, Alexandre Perrier est élevé, ainsi que son frère Louis, son aîné de deux ans, par leur mère, Belonie Perrier née Clément. Dès l'enfance, encouragé par sa mère, Alexandre s'essaie au dessin et à la peinture.
Après son diplôme en 1879 au Collège de Genève il est stagiaire pendant une courte période dans une banque de Genève. En 1881, sa passion du dessin le pousse à se rendre à Mulhouse pour travailler en tant que dessinateur dans l'industrie de l'impression textile. En 1891, il déménage à Paris, où il travaille comme dessinateur de costume et illustrateur de mode dans un atelier. Cela lui laisse quelque trois mois de vacances par an, permettant à Perrier de rentrer en Suisse et de peindre. Il fréquente le milieu des artistes et écrivains suisses de Paris, tels que Ferdinand Hodler, Albert Trachsel, Eugène Grasset, Félix Vallotton, Mathias Morhardt, et découvre alors les nouveaux mouvements artistiques tels que le néo-impressionnisme, le symbolisme et l'Art Nouveau. Très sensible aux droits de l'homme, il devient dreyfusard, sans doute sous l'influence de son ami Mathias Morhardt, secrétaire général de la Ligue des droits de l'homme. Progressiste et pacifiste, il lit Emile Zola, Anatole France et Romain Rolland. Il présente des toiles au Salon des Indépendants, chaque année de 1891 jusqu'en 1895. En 1894, il quitte l'atelier où il travaille, pour se consacrer à la peinture. Puis, peu avant 1900, il retourne à Genève, où il se voue désormais à la peinture de paysage. Il y restera jusqu'à sa mort.
Alexandre Perrier se consacre à un petit nombre de sujets, essentiellement des paysages, en particulier des vues de montagne, qu'il reprend inlassablement tout au long de sa vie: des images de Praz de Lys, du Salève vu de Collonges-sous-Salève, du mont Blanc, du Léman depuis Cologny, Mies et Clarens sur Montreux. Contrairement aux Impressionnistes, il ne peint pas en extérieur, mais dans son atelier d'après ses souvenirs ainsi que les notes et esquisses dont, au cours de ses longues promenades solitaires, il remplit le petit carnet qu'il a toujours sur lui. Perrier est un contemplatif, qui s'imprègne de la beauté et de l'harmonie du paysage, notamment au lever et au coucher du soleil - « heures plus mystérieuses que les autres », puis reproduit dans son tableau ses « visions », c'est-à-dire « toute l'émotion qu'il a ressentie dans cette communion avec les paysages qu'il aime », autrement dit la beauté, la poésie et la sérénité qu'il a éprouvées dans la nature. Il est fasciné par la lumière et c'est la présence de celle-ci « qui fait l'essence du tableau ». Il a d'ailleurs écrit dans ses carnets que son souhait le plus cher est que la personne qui regarde l'un de ses tableaux « emporte cette vision de lumière et d'atmosphère qui fait ma joie quand je me trouve en pleine nature ».
En ce qui concerne le style de Perrier, dans la première période de son travail il a utilisé la technique de pointillisme, sans pourtant être, « comme Signac, fidèle à la loi des complémentarités et au mélange optique ». Alors que Perrier avait été considéré comme faisant partie de l'avant-garde de la peinture suisse avec Hodler et Amiet lors de l'exposition de 1902 de la Sécession de Vienne, depuis lors ne cessant « d'adapter ses moyens techniques à la nouveauté de ses sensations », n'imitant personne et étant un « artiste solitaire » dont la production diffère beaucoup de celle des autres peintres, et « ne devant rien à Cézanne, il n'était plus compris . Dès 1910 environ, Perrier a modifié radicalement son style pictural en évoluant vers un art de plus en plus dépouillé adoptant un pinceau plus libre.
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2024- Gravir les montagnes en peinture
Un blog de Francis Rousseau