CASPAR WOLF (1735-1783)
Le Glacier du Rhône ( Front à 2208 m en 2024)
Suisse (Valais)
Le glacier
Le glacier du Rhône (Rhonegletscher ou Rottengletscher en allemand) se trouve à l'extrémité nord-est du canton du Valais en Suisse. Il donne naissance au Rhône, en amont de Gletsch, qui s'écoule ensuite dans la vallée de Conches. Le glacier s'étend sur 8 kilomètres et atteint une largeur d'un peu plus de 1 000 mètres. Sa superficie est de 17 km2. Comme la plupart des glaciers alpins, il a passablement reculé depuis le milieu du xixe siècle. Il est facilement accessible via la route du col de la Furka. Une galerie creusée dans la glace permet de visiter l'intérieur du glacier. Le glacier du Rhône fait partie des glaciers les plus étudiés des Alpes. En 1546, Sebastian Münster en fit la description dans son ouvrage Cosmographia Universalis. Les blocs erratiques du plateau suisse avec leur imposante masse ne pouvaient avoir été amenés par la seule force de l'eau et c'est ce constat qui poussa les scientifiques à s'intéresser de plus près aux glaciers alpins, établissant ainsi les bases de la glaciologie. Louis Agassiz fut l'un des principaux pionniers en la matière et étudia entre autres le glacier du Rhône. Les premières mesures sur le glacier du Rhône remontent à 1874, grâce aux travaux de l'ingénieur Philipp Gosset. Depuis cette année, la longueur, l'épaisseur de la glace et d'autres observations sont soigneusement consignées. La vitesse d'écoulement du glacier et la direction empruntée par la masse glaciaire sont mesurées en plusieurs points. Le résultat de ces recherches fut publié pour la première fois en 1916 avec Vermessungen am Rhonegletscher 1874-1915 par Paul-Louis Mercanton. Depuis 1874, le glacier a reculé chaque année de 8,5 mètres en moyenne (-11,1 mètres en 2001/2002, -2 mètres en 2002/2003). Son épaisseur diminue annuellement de 25 centimètres. Recul : sur la carte Dufour (1836 et 1862), le glacier s'étend jusqu'à Gletsch à la position : 46° 33′ 49,1″ N, 8° 21′ 51,44″ E. Sur la carte Siegfried (1870 et 1926), il recule de plusieurs centaines de mètres par rapport à la carte Dufour : 46° 34′ 03,68″ N, 8° 22′ 31,62″ E. Sur une carte de 2010, il est encore plus reculé : 46° 34′ 44,26″ N, 8° 22′ 58,62″ E.
À l'été 2020, la fonte inquiète et on couvre le glacier d'une bâche blanche pour le protéger].
Le peintre
Caspar Wolf est un peintre suisse. Après ses études, il devient l’élève de Jakob von Lenz à Constance, en Allemagne. Il complétera sa formation à Augsbourg, Munich et Passau. En 1760, il revient à Muri où il peint des retables, des faïences pour poêles et des cartons destinés à la tapisserie. De 1769 à 1771, il séjourne à Paris où le thème du paysage alpin fait fureur dans les salons. De retour à Muri, il décide de voyager à travers la Suisse et de se consacrer à la peinture de paysages alpins dont il sera le précurseur. De 1774 à 1778/79, à la demande de l’éditeur Abraham Wagner-le jeune (1734-1782), il exécute une série de 150 paysages, parfois de grandes dimensions, dont une série de 10 gravures de la vallée de Lauterbrunnen (canton de Berne), au pied du massif de la Jungfrau. Ces œuvres seront éditées dès 1772 sous forme de gravures à l’eau-forte ou au burin et coloriées à la main. En introduisant l’univers alpestre dans la peinture suisse, Caspar Wolf, tout comme Johann Heinrich Wüest (1741-1821), contribue à l’élaboration du mythe de la Suisse.
En 1779-1780, les œuvres de Wolf sont exposées à Paris chez la comtesse de Malassise. 1780-1781 le voient travailler à Cologne, Aix-la-Chapelle et Düsseldorf.
En 1783, il décède à Heidelberg. Il était âgé de 48 ans.
Une série de gravures éditées à Amsterdam en 1785, après un long et surprenant périple, arriveront à Lisse au château de Keukenhof (Hollande) où elles seront redécouvertes vers 1940. L’œuvre de Caspar Wolf marque une étape dans l’évolution de la peinture de paysage réaliste au 18e siècle. Il ne cherche pas à dramatiser et tente une description objective de la nature qu’il peint. C’est une approche moderne qui annonce le19e siècle ouvrant ainsi la voie à une nouvelle conception de la nature. Les montagnes ne seront plus considérées comme un chaos effrayant, terreur des montagnards et des promeneurs mais comme un univers sublime susceptible d’exercer une influence positive sur l’âme humaine et d’ouvrir les portes de la liberté.
Le contemporain de Caspar Wolf, le médecin et botaniste bernois Albrecht von Haller (1708-1777), célèbre – entre autres - pour son long poème « Les Alpes », se reconnaissant dans les œuvres de Caspar Wolf, préfacera la parution de ses gravures.
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2025 - Gravir les montagnes en peinture
Un blog de Francis Rousseau