HENRI ROUSSEAU (1844-1910)
La Falaise, vers 1895
Huile sur toile, 21 x 35 cm
Musée de l'Orangerie, Paris
Cette représentation de falaise de la côte normande est un motif rare chez Rousseau qui ne s'éloigne guère des environs de Paris. Le peintre a probablement travaillé à partir d'une reproduction de peinture, peut être Falaises à Pourville de Claude Monet ou Falaise avec bateaux et Mer Orageuse, dite aussi La Vague, de Gustave Courbet. Il a pu également s’inspirer d’une des innombrables représentations des falaises normandes peintes par des artistes plus obscurs. Rousseau a probablement fait la synthèse de plusieurs sources et recomposé totalement son tableau selon l’idée qu’il se faisait de ce paysage. Quoi qu'il en soit il schématise et simplifie à l'extrême la structure de la roche tout comme la représentation de la mer. Il rajoute des pêcheurs et de grands voiliers. Là encore, l’intérêt réside dans la manière dont Rousseau s'empare du motif. Il s’inspire du graphisme de l’imagerie populaire. C’est pour lui le moyen de suivre la recommandation que lui avait fait autrefois le peintre français Jean-Léon Gérôme (1824-1904) de conserver sa naïveté.
Le peintre
Henri Rousseau, aussi appelé « Le Douanier Rousseau », est un peintre français, considéré comme un représentant majeur de l'art naïf. Issu d'une famille modeste, il étudie le droit avant de partir à Paris et travailler à l'octroi où il occupe un poste de commis de deuxième classe, dans le cadre duquel il contrôle les entrées de boissons alcoolisées à Paris. Cette position lui vaudra son surnom de « Douanier ». Il apprend lui-même la peinture et produit un grand nombre de toiles. Elles représentent souvent des paysages de jungle. Lui n'a pourtant jamais quitté la France, son inspiration provient surtout de livres illustrés, de jardins botaniques, et de rencontres avec des soldats ayant participé à l'intervention française au Mexique. Ses toiles montrent une technique élaborée, mais leur aspect enfantin lui vaut beaucoup de moqueries. Habitué du Salon des indépendants, il commence à recevoir des critiques positives à partir de 1891 et rencontre quelques autres artistes à la fin de sa vie, comme Marie Laurencin, Robert Delaunay, Paul Signac, Guillaume Apollinaire, Jean-Léon Gérôme, Alexandre Cabanel, Edgar Degas, William Bouguereau, Paul Gauguin, Alfred Jarry, Toulouse-Lautrec et Pablo Picasso. Son travail est aujourd'hui considéré comme crucial pour l'art naïf et il a influencé de nombreux artistes, notamment des surréalistes. Paul Éluard a dit de lui : « Ce qu’il voyait n’était qu’amour et nous fera toujours des yeux émerveillés. »
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2024 - 13e année de publication - Gravir les montagnes en peinture
Un blog de Francis Rousseau