Le Baou de Saint-Jeannet (802 m)
In The Baou de Saint-Jeannet (1923) huile sur toile, 64.5 x 80.6 cm. The Tate Gallery, London
La montagne
Le Baou de Saint-Jeannet (802m) est une montagne ce qui signifie
d'ailleurs localement le nom baou. Il est situé dans les Préalpes de
Grasse, sur le territoire de la commune de Saint-Jeannet, dans le
département des Alpes-Maritimes. Le Baou a la particularité d'être
visible depuis une très large portion de la zone côtière de la région
niçoise, et de présenter des falaises calcaires abruptes et largement
reconnaissables, ce qui en fait un point de repère visuel typique de la
région. C'est un lieu réputé pour la randonnée et pour l'escalade
rocheuse, où de grands noms de ce sport se sont succédé. Ce territoire
occupé par l'homme dès le Paléolithique, accrochant le regard, a par la
suite inspiré de nombreux peintres, dès le 17e siècle. Le Baou est un
site d'escalade renommé, avec 470 voies réparties sur 17 secteurs. Les
cotations des voies vont du 3a au 8a+. L'escalade sur le Baou a commencé
à se populariser durant la Seconde Guerre mondiale. En effet, l'accès
aux vallées du massif du Mercantour étant fermé, les alpinistes de la
région niçoise s’entraînent sur le Baou. Il dispose de plusieurs
secteurs équipés de voies de type « couenne », comme celui des Sources,
de la Cagnes, ou encore les différents Ressaut. De plus, le baou est
réputé pour toutes les grandes voies que l'on trouve sur la Grande
Falaise. Ces grandes voies possèdent des équipements anciens, de type
terrain d'aventure, donc à compléter par la cordée. On peut pratiquer de
l'escalade sur de la fissure-dièdre, de la dalle, des colonnettes, et
le Baou dispose de murs verticaux, tout comme de dévers, surplombs et
même des toits. Au 21e siècle des voies d'ampleur continuent d'être
ouvertes au baou, comme par exemple Petit toi mystérieux, ouverte en
2017 par Thomas Arfi, Stéphane Benoist et Benjamin Guigonnet. Une
partie du secteur des Sources est sous surveillance depuis 2022 à la
suite de l'effondrement d'un rocher d'une centaine de tonnes.
Le peintre
Raoul Ernest Joseph Dufy, est un peintre, dessinateur, graveur, illustrateur de livres, céramiste, créateur de tissus, de tapisseries et de mobilier, décorateur d'intérieur, d'espaces publics et de théâtre français. L'œuvre de Dufy compte environ3 000 toiles, 6 000 grandes aquarelles, 6 000 dessins, des bois gravés, des lithographies, des tapisseries, des tissus…
1913 est l’année charnière et La grande baigneuse aux formes massives est un adieu au cubisme. À l’arrière-plan de son corps massif, traité comme une articulation de parties cylindriques, s'étage un paysage réduit aux volumes mais dont les nombreuses maisons constituent une préfiguration des vues de Vence.
Dans Le Jardin abandonné (1913), le style propre de Raoul Dufy est presque mis en place : couleurs vives déterminant des zones relativement arbitraires auxquelles se surajoutent les dessins des divers éléments.
Dufy se rend compte que, pour l’œil, les couleurs n’appartiennent pas indéfectiblement à une chose : ce ne sont pas des qualités qui n’auraient pas d’existence hors une substance. Elles ont leur vie propre, débordent les objets, et cela surtout dans l’expérience de la perception du mouvement. D’où l’usage de ce que Pierre Cabanne appelle « les flaques de couleurs juxtaposées ». La dissociation entre la couleur et le dessin est parfois très poussée, et Dufy installe souvent les objets réduits à un contour sur trois ou quatre larges plages colorées.
L’aquarelle, la gouache, qui prennent de plus en plus d’importance après 1930, lui offrent davantage de possibilités pour poursuivre cette expérience. Les « flaques » du fond sont étendues sur un papier préalablement mouillé et tendu sur une planche à dessin. Quand elles sont sèches, il dessine au pinceau fin les divers objets du motif. Le Bel Été (1940) en est un remarquable exemple. Cette technique demande une très grande assurance, acquise par l’incessante pratique du dessin.
La joie de vivre et de dévoiler la vie soutient chaque tableau, chaque gouache, chaque dessin. Dufy promène un regard émerveillé sur le monde et nous invite à une fête qui n’a rien de superficiel et de mondain. « Si je pouvais exprimer toute la joie qui est en moi ! » disait-il. Il y est largement parvenu, et peu d’œuvres sont une telle invitation à cheminer vers un horizon de bonheur.
2024 - 13e année de publication - Gravir les montagnes en peinture
Un blog de Francis Rousseau