ALEXANDRE PERRIER (1862-1936)
Lac de Roy (1 665 m)
France
Le relief
Le Lac de Roy est un lac de montagne de forme ovoïde situé à 1 665 m d'altitude1. Il occupe un ombilic glaciaire délimité par les crêtes de la pointe de la Couennasse, la Frête de Penaille, la pointe de Perret et la et la pointe du Haut Fleury qui domine la station de Praz de Lys - Sommand. Le lac se situe dans la nappe de la Brèche, à cheval entre la brèche inférieure (Jurassique inférieur à moyen) et les schistes ardoisiers (Callovien - Oxfordien). La première définie l'ensemble de crête qui ceinture le lac et constitue son bassin d'alimentation tandis que les schistes forment la partie sommitale du talus qui mène au lac depuis la station de ski ainsi que le seuil qui délimite la rive est du lac. Enfin les rives ouest et sud-est du lac sont dominées par des dépôts glaciaires quaternaires. C'est un lac dimictique dont la surface gèle d'octobre jusqu'en mai, la couche de glace pouvant atteindre jusqu'à 80 cm en janvier. Les eaux présentent une stratification inversée en hiver avec une température proche de zéro tandis que les eaux de fond atteignent 4 °C. Durant le dégel, le lac présente une homogénéisation thermique vers les 4 °C (homothermie) puis un réchauffement rapide des couches de surface qui entraine une stratification normale des eaux durant la période estivale (juillet-août). Le refroidissement à partir de la fin du mois d'août tend vers une seconde phase d'homothermie jusqu'au retour du gel.
Le peintre
Orphelin de père à l'âge de 6 ans, Alexandre Perrier
est élevé, ainsi que son frère Louis, son aîné de deux ans, par leur
mère, Belonie Perrier née Clément. Dès l'enfance, encouragé par sa mère,
Alexandre s'essaie au dessin et à la peinture.
Après son diplôme en
1879 au Collège de Genève il est stagiaire pendant une courte période
dans une banque de Genève. En 1881, sa passion du dessin le pousse à se
rendre à Mulhouse pour travailler en tant que dessinateur dans
l'industrie de l'impression textile. En 1891, il déménage à Paris, où il
travaille comme dessinateur de costume et illustrateur de mode dans un
atelier. Cela lui laisse quelque trois mois de vacances par an,
permettant à Perrier de rentrer en Suisse et de peindre. Il fréquente le
milieu des artistes et écrivains suisses de Paris, tels que Ferdinand
Hodler, Albert Trachsel, Eugène Grasset, Félix Vallotton, Mathias
Morhardt, et découvre alors les nouveaux mouvements artistiques tels que
le néo-impressionnisme, le symbolisme et l'Art Nouveau. Très sensible
aux droits de l'homme, il devient dreyfusard, sans doute sous
l'influence de son ami Mathias Morhardt, secrétaire général de la Ligue
des droits de l'homme. Progressiste et pacifiste, il lit Emile Zola,
Anatole France et Romain Rolland. Il présente des toiles au Salon des
Indépendants, chaque année de 1891 jusqu'en 1895. En 1894, il quitte
l'atelier où il travaille, pour se consacrer à la peinture. Puis, peu
avant 1900, il retourne à Genève, où il se voue désormais à la peinture
de paysage. Il y restera jusqu'à sa mort.
Alexandre Perrier se
consacre à un petit nombre de sujets, essentiellement des paysages, en
particulier des vues de montagne, qu'il reprend inlassablement tout au
long de sa vie: des images de Praz de Lys, du Salève vu de
Collonges-sous-Salève, du mont Blanc, du Léman depuis Cologny, Mies et
Clarens sur Montreux. Contrairement aux Impressionnistes, il ne peint
pas en extérieur, mais dans son atelier d'après ses souvenirs ainsi que
les notes et esquisses dont, au cours de ses longues promenades
solitaires, il remplit le petit carnet qu'il a toujours sur lui. Perrier
est un contemplatif, qui s'imprègne de la beauté et de l'harmonie du
paysage, notamment au lever et au coucher du soleil - « heures plus
mystérieuses que les autres », puis reproduit dans son tableau ses «
visions », c'est-à-dire « toute l'émotion qu'il a ressentie dans cette
communion avec les paysages qu'il aime », autrement dit la beauté, la
poésie et la sérénité qu'il a éprouvées dans la nature. Il est fasciné
par la lumière et c'est la présence de celle-ci « qui fait l'essence du
tableau ». Il a d'ailleurs écrit dans ses carnets que son souhait le
plus cher est que la personne qui regarde l'un de ses tableaux « emporte
cette vision de lumière et d'atmosphère qui fait ma joie quand je me
trouve en pleine nature ».
En ce qui concerne le style de Perrier,
dans la première période de son travail il a utilisé la technique de
pointillisme, sans pourtant être, « comme Signac, fidèle à la loi des
complémentarités et au mélange optique ». Alors que Perrier avait été
considéré comme faisant partie de l'avant-garde de la peinture suisse
avec Hodler et Amiet lors de l'exposition de 1902 de la Sécession de
Vienne, depuis lors ne cessant « d'adapter ses moyens techniques à la
nouveauté de ses sensations », n'imitant personne et étant un « artiste
solitaire » dont la production diffère beaucoup de celle des autres
peintres, et « ne devant rien à Cézanne, il n'était plus compris . Dès
1910 environ, Perrier a modifié radicalement son style pictural en
évoluant vers un art de plus en plus dépouillé adoptant un pinceau plus
libre.
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